Prise en main du Tamron SP 150-600mm F/5-6.3 Di VC USD (monture Nikon)

Depuis qu’il a été annoncé fin 2013 ce nouvel objectif fait rêver les amateurs de photographie animalière et ce pour plusieurs raisons ; notamment son range (150 a 600mm) et surtout son prix (annoncé aux alentours de 1300 euros). Cela semblant trop beau pour être vrais, l’on peut légitimement se poser la question du réel rapport qualité/prix de cet objectif. Ce petit post donnera quelques pistes pour ceux qui sont tentés d’en faire l’acquisition… ou pas.

Testé sur Nikon D300s.

Caractéristiques et ergonomie

Il s’agit d’un zoom extensible (l’objectif s’allonge quand on zoom) couvrant une plage de focale allant de 150 a 600mm sur capteur plein format, soit environ 225-900mm sur capteur APS-C Nikon.

Pour son range le poids (1951g) et la longueur (26cm) sont très corrects. La poignée du collier de pied rotatif est suffisamment longue pour mon usage a main levée et le transport pendant de longues marches.

Les matériaux de construction sont de très bonne facture (mieux que Sigma, quasiment aussi bien que Nikon). La bague de mise a point est très fluide. La bague de zoom est suffisamment large pour une bonne prise en main et sa résistance lorsque l’on zoom/dé-zoom est bien dosée. Un loquet permet de verrouiller le zoom (en position “compacte” uniquement, a savoir 150mm) afin qu’il ne s’allonge pas lorsqu’on le pointe vers le sol ou quand il est rangé. Trois interrupteurs sont situés sur le coté. Le premier permet de choisir entre 2 modes de mise au point (2,7m a l’infini ou 15m a l’infini pour les sujets en mouvement et plus distants), le second permet de passer du mode AF au mode MF et le troisième contrôle le VC (Vibration Compensation, ou stabilisateur). L’emplacement de ces 3 interrupteurs n’est pas idéal, notamment le contrôleur de stabilisation qui est peu accessible. Le placer plus ou moins a la place du mode AF-MF aurait été plus judicieux.

D’un point de vue optique il bénéficie du traitement eBAND qui limite les effets de la lumière incidente (effets de flare).

L’objectif est livré dans une boite basique, sans autre protection que du carton pour le maintenir et un emballage plastique pour limiter l’entrée de poussières. Aucune housse de transport n’accompagne l’objectif et le pare-soleil est le seul accessoire inclus. Il est possible de le fixer monté ou inversé sur l’objectif pour le transport. Pour résumer, coté packaging et accessoires, Tamron ne s’est visiblement pas foulé mais, à ce tarif, on ne peut vraiment pas se plaindre !

En théorie…

Avant de le recevoir les différents “bancs d’essais” et autres galeries FlickR que j’avais parcouru sur le net et dans la presse étaient mi-figue mi-raisin. Les résultats théoriques (e.g. DxO) sur capteurs FF étaient plutôt positifs mais les photos sur capteur APS-C (notamment Canon 7D et 70D, les montures Nikon n’étant pas encore sorties) commençaient a montrer les limites optiques du Tamron.

…et en pratique ?

L’objectif est plutôt bien équilibré et se manie assez aisément. Habitué des focales fixes, je trouve le confort du zoom incomparable, surtout sur une telle fourchette de focale. Le VC fait des merveilles, il est même très performant. La différence avec mon zoom Nikon 70-200 VR 1 est d’ailleurs évidente, incroyable à ce tarif !

En lumière normale l’AF est très réactif, sans atteindre toutefois la vélocité d’une focale fixe. Quand la lumière vient a manquer il patine un peu plus que mon bon vieux AF-S 300 F4 + TC 1.4 (équivalent 420mm). Les montures Canon ont semble-t-il eut des soucis d’AF, notamment en mode AI servo, rien de tel en ce qui concerne mon D300s, quelques petits blocages que j’attribue a un de mes collimateurs qui me fait régulièrement défaut avec d’autres objectifs. La mise au point mini a 2,7m est vraiment un plus a 600m et permet d’obtenir de jolis bokeh.

D’un pur point de vue performances optiques je préfère clairement fermer le diaphragme de 2 voir 3 crans (surtout au delà de 400mm) pour m’assurer d’une netteté digne de ce nom, mais je suis très pointilleux sur le piqué. Certes, le Tamron ne rivalise pas avec des focales fixes (ça on s’en doutait) mais il faut avouer qu’il se défend tout de même honorablement pour un zoom d’entrée de gamme. Mes premiers essais étaient plutôt décevants mais après plusieurs sorties sur le terrain (avec des conditions variable) force est d’admettre que la bête en a tout de même sous le pied ! Un petit passage sous Lightroom permet de corriger les problèmes d’aberration chromatique et d’optimiser la netteté.

Les paysages et autres sujets immobiles ou qui se déplacent lentement sont relativement faciles a figer (encore heureux !). Les petits passereaux, remuants et véloces, demandent plus de maîtrise et de patience mais sont assez “jouables”. Les oiseaux en vol engendrent beaucoup plus de déchets. Les premiers tests sur sujets en mouvement étant peu concluants c’est en désactivant le système de stabilisation que j’ai pu obtenir des photos déjà bien meilleures. Avec un peu plus de pratique je me suis rendu compte que, selon les conditions, la stabilisation peut être employée pour ce type de sujet mais c’est un peu la roulette russe au niveau des résultats. C’est le gros point noir du système de stabilisation. S’il est effectif dans la plupart des conditions il semble affecter les photos d’objets en mouvement rapide en amplifiant parfois l’effet de flou.

C’est donc clairement un objectif qui demande un certain de temps avant d’être maîtrisé ainsi que de la patience et ce pour plusieurs raisons :

• manier un 600mm implique plus de risque de flous de bouger qu’avec un 300mm
• c’est un gros téléobjectif a manier, surtout pour ceux qui ne sont pas habitués
• la faible ouverture a 600mm

Pour résumer

Il s’agit d’un excellent objectif, dédié a tous les amateurs de photographie animalière. Son prix et ses performances en font un compromis unique en son genre. À ce tarif, avoir 600mm avec un bon système de stabilisation pour un volume compact et un poids raisonnable, le tout couronné de performances optiques très acceptables… c’est une excellente affaire ! Pour voyager “léger” c’est une très bonne solution, d’autant plus que sa construction est plutôt robuste.

Pour les aficionados du piqué il faudra un boitier qui permet de monter dans les ISO histoire de pouvoir fermer un peu le diaphragme et obtenir les meilleurs résultats. Je n’ai pas encore eu l’occasion de l’essayer en format FF mais cela ne peut qu’être meilleur !

Il faut toutefois garder en tête qu’il s’agit là d’un téléobjectif “d’entrée de gamme” (en restant dans la gamme “photo animalière”) mais qui, pour son prix, délivre des résultats inattendus.

Points positifs

• Rapport prix/performances
• Qualité de construction
• Stabilisation très efficace sur sujets stables ou relativement lents
• Bonnes performances optique générale, surtout en fermant un peu le diaphragme
• Mise au point mini a 2.7m
• Auto-focus silencieux et rapide en condition normale
• Compacité

Points négatifs

• Manque de piqué à pleine ouverture, surtout au delà de 400mm
• Certains boutons sont mal placés, notamment la stabilisation
• Le pare-soleil fait un peu “cheap”
• La stabilisation qui ne semble pas optimisée pour les objets en mouvement rapide